P o i s o n e d ; f r u i t
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

P o i s o n e d ; f r u i t


 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

Partagez | 
 

 « You are the one who save me. You found me. »

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Tiffany O. Standford

Admin

Tiffany O. Standford

Nombre de messages : 178Date d'inscription : 07/10/2008
WHO ARE YOU ?
HUMEUR: afraid
CITATION PREFEREE: You're such a beautiful face, i know those eyes.
RELATIONS:

« You are the one who save me. You found me. » Vide
MessageSujet: « You are the one who save me. You found me. »   « You are the one who save me. You found me. » EmptyMer 28 Jan - 17:28

BRYANT PARK
PV TOS & DNW



Découvrez The Fray!


    La première fois que je me suis rendue compte que nous étions de vrais amis fut probablement le jour de mon anniversaire. Le jour de mes vingt ans. Le vingt mai. Je n’allai pas bien ce jour-là, comme tous mes précédents anniversaires. Sauf que cette fois-là avait été différente. Auparavant, je détestai passer par la case « anniversaire » parce que ma mère n’était pas là. Et si elle n’était pas là, c’était partiellement, pour ne pas dire entièrement, de ma faute. Je déprimai tous les ans, à partir du dix-sept mai ou parfois plus tôt, dés qu’on me disait « Eh! TDO, c’est bientôt ton anniv ! Ça va être la partie de l’année ! » La plupart du temps, je détournai le regard et j’ignorai leur enthousiasme qui me donnait envie de vomir. Je n’organisai jamais de fête et je n’en avais jamais eu l’intention. Pour fêter quoi ? Mes quinze, dix-huit, vingt ans ? Ou les quinze, dix-huit, vingt ans de la mort de la mère que je n’ai pas connu ? Mes vingt ans avaient été pire. Je détestai avoir vingt ans, et parfois, quand on me demandait quel âge j’avais, je répondais dix-neuf ans, sauf dans des cadres professionnels, comme si je voulais effacer le vingt mai 2008. Je préférai croire en mon for intérieur que le vingt mai 2008 n’avait jamais existé et que je n’avais fait que rêver. Comme tous les vingt mai, je n’allais pas bien. Mais pas seulement à cause de la culpabilité qui me rongeait à propos de ma mère qui reposait au fond d’un tombeau minable, dans un cimetière minable. Je n’allais pas bien à cause de mon petit ami de l’époque. Mon premier amour. Lucas Jerrard Moberly. Nous étions ensemble depuis peu mais j’avais d’ors et déjà découvert les sortes de papillons au creux de mon estomac. Pourtant, un soir, il m’avait surpris dans les bras de Valery, qui était, au lycée, mon meilleur ami. Nous ne faisions rien, non. Bien sûr. C’était le soir de l’incendie et j’avais eu peur de le perdre. Valery m’avait pris dans ses bras pour me rassurer. Et pas pour une certaine autre raison stupide que Lucas s’était mis en tête, tout seul. Certes, c’était une stupide idée mais depuis quinze jours, il ne m’avait plus donné aucune nouvelle. Je le vivais mal. Très mal. Il était le seul que j’avais jamais aimé et j’avais du mal à vivre sans lui. Je comprenais alors les jeunes filles, que j’avais toujours dénigrés, qui disait ne pas pouvoir vivre sans leur copain du moment. Je les comprenais mais je ne m’identifiais pourtant pas à elles. Elles criaient que leur petit ami était l’homme de leur vie, mais toutes les semaines, elles s’affichaient avec un garçon différent. Stupidités lycéennes. Son absence me tuait. J’avais besoin de lui. À ce moment même plus que n’importe quand. J’allais fêter mes vingt ans et les vingt ans de la mort de ma mère. Ce n’était pas anodin. J’avais besoin de Lucas. Mais il n’était pas au courant. Peu de personne l’était à l’époque. Je crois même ne l’avoir jamais dit à quelqu’un. Aujourd’hui, Valery et Matthew était au courant. Et il me semble que Valery avait dû en parler à Désiré. Je l’y avais autorisé, bien sûr. Il ne l’aurait jamais fait sans mon consentiment. Enfin. Ce vingt mai, Désiré débarqua dans ma chambre, qui était dans un bordel incroyable. C’était étrange. Je ne voulais voir personne, mis à part Lucas. Et Désiré était la dernière personne que j’aurais pensé recevoir dans ma chambre, surtout en ce jour. À l’époque, nous n’étions pas vraiment amis. Nous entretenions de bons termes parce que Désiré sortait avec Neela, ma meilleure amie. Mais après la rupture, nous avions simplement coupé les ponts. Mais Désiré avait débarqué en m’apportant un petit cadeau. Une boîte à musique qui se trouve dans la chambre que je partage avec mon mari. Boîte à musique que je considère comme le symbole de notre amitié. C’était ce jour là que j’avais compris que quoi qu’il arriverait, je pourrais toujours compté sur Walsh. Désiré..
    Je ferme les yeux et je me rappelle de ce que nous étions au lycée. Moi, Tiffany Delfina Owens, membre d‘Omega Phi, symbole de Winggles, fille populaire et parfois hautaine. Les garçons me tournaient autour sans cesse et je ne m’en plaignais jamais. Lui, Désiré Noah Walsh, meilleur ami de Valery, Xi Upsilonn, drogué à ses heures perdus, détestant les filles populaires et riches et qui, pourtant, s’était amouraché de la « Queen » et qui, en plus, s’entendait à merveille avec la deuxième fille la plus respectée du lycée. Nous étions complètement différents. À l’opposé même. Toutefois, notre amitié se bâtit sur ses différences. Comme si nous nous complétions. Notre amitié était différente de celle que j’entretenais à l’époque. Matthew Owens avait toujours été mon semblable et notre relation était plus qu’ambiguë. Et Valery.. Il était mon meilleur ami. Notre amitié avait débuté par un sourire, sur le son d’une musique. Valery me ressemblait sur quelques points, mais ce que nous étions se bâtissait surtout sur nos réalités. C’est le premier garçon à m’avoir vu sans la carapace que j’abordais sans cesse au lycée.

    « Tiffany, tu dors ? Réveille-toi ! Désiré va t’attendre.. »

    J’ouvris péniblement les yeux. La lumière du soleil, qui se faisait si rare ces jours-ci, m’agressait. Mais n’avais-je pas fermé les rideaux ? Je regardai autour de moi et je reconnus l’ombre rassurante de mon mari, Valery. Il était assis sur le lit, à mes côtés. Je fronçai les sourcils et jetai un regard à l’horloge murale. Quatorze heures trente ? M’étais-je endormie ? Je reportai mon attention sur la main de Valery, posé sur mon ventre. Là où se trouvait mon bébé. Notre bébé. Je souris doucement et attirai mon mari à moi. Il embrassa mes paupières, et j’attrapai enfin ses lèvres. Je songeai enfin à Désiré. J’avais rendez-vous avec lui dans un quart d'heure. Je me relevai, tout en me serrant contre le torse de Valery. J’étouffai un rire et Valery fronça les sourcils. Je venais simplement de me rappeler de Cadence, une amie de lycée dont je n’avais plus eu aucunes nouvelles. Si elle nous avait vu maintenant, elle m’aurait tiré par le bras en criant que je devenais niaise et que l’amour était complètement stupide, blablabla.

    « Pourquoi rigoles-tu ? »
    « Pour rien.. Je repensai au lycée.. »
    « Mmh.. Le bon temps, hein ? »
    « Ouais.. Mais tout ça appartient au passé. »

    Je pressai mes lèvres contre celles de Valery, mettant fin à la conversation. Je savais qu’on était capable de se rappeler nos souvenirs puis, ensuite, critiquer le régime de X qui avait tout foutu en l’air. Nous en aurions pour des heures, et pas question que je loupe mon rendez-vous avec mon ami. Je me levai, tirai sur ma tunique marron et pénétrai dans le salon, à la recherche de mes minnetonka. Quand je les trouvai enfin, je sentis les mains de Valery attrapai ma taille afin de m'attirer vers lui. Il me tourna vers lui et m'embrassa tendrement. Un baiser tendre qui se transforma rapidement en un baiser beaucoup plus passionné, mais - à mon regret - j'eus le réfléxe de l'arrêter à temps.

    « Valery.. Il faut vraiment que j'y aille. »
    « Je sais, dit-il avec regret. Mais j'aimerais que tu restes.. »
    Je rigolai doucement.
    « Tu m'empêches de voir ton meilleur ami ?
    « Pas du tout ! Mais tu pourrais le voir demain, non ? »
    « Non. » répliquai-je avec un sourire avant de l'embrasser sur les lèvres.

    Il me lança un regard attristé que je fis mine de ne pas voir. J'enfilai rapidement mes chaussures, jetant un regard inquiet à l'horloge. Dans cinq minutes, je devrais me trouver au Bryant Park. Je soupirai. Valery aurait dû me réveiller, avant. Je me tournai néanmoins vers lui en lui souriant et en lui adressant un petit signe de la main. Je mimai un baiser et je quittai enfin l'appartement. J'avais décidé d'y aller à pied, profitant du soleil, mais le temps eut raison de moi. En voiture, le trajet serait plus rapide. Je courrai vers le garage et en sortit quelques secondes plus tard, au volant de ma voiture. Par chance, aucun feu rouge ou aucune voiture ne me bloqua la route. J'arrivai à trouver une place prés de l'entrée du parc. J'avançai au milieu de l'allée et me dirigeai vers le banc où nous avions rendez-vous. Désiré était déjà là. Je soupirai, espérant qu'il ne m'en voudrait pas pour le retard. Je m'approchai de lui et le fit sursauter.

    « Désolée pour le retard..» dis-je dans un soupir.

    Il se tourna vivement vers moi, se leva et me prit dans ses bras, me signifiant ainsi qu'il n'était pas fâché du tout. Je lui sourit tendrement et m'assit sur le banc, à ses côtés. Je passai une main dans mes cheveux avant de reporter mon attention à Désiré.

    « Je suis contente de te voir.. J'ai l'impression de ne plus avoir de temps pour rien, en ce moment..» avouai-je à regret.

    Je plongeai mon regard noisette dans le sien. Je retrouvai dans son regard ce qui m'avait toujours frappé chez lui. Un regard bienveillant. Il avait beau toujours avoir voulu se montrer distant par rapport aux autres, son regard avait bien souvent trahi sa carapace. Désiré n'avait jamais été méchant ni infréquentable. Je l'avais toujours senti. Je me souvint de mon rêve précédent. Celui où j'avais rêvé de Désiré et de moi. De notre amitié. De ce qui nous avait fait grandir.

    « Tu repenses parfois au lycée ? »

    Sa réponse m'intéressait, évidemment. Je me demandai s'il lui arrivait de regretter ces années où nous étions encore des jeunes insouciants. Où rien ne nous faisait peur. Où nous faisions ce que nous voulions. Ce qui me faisait le plus peur , c'est que le lycée datait d'un an à peine. En un an, tant de choses avaient changés. La mort, la séparation, le nouveau gouvernement, le mariage, une naissance.. Tant de choses étaient arrivés que c'était à peine croyable. Je m'appuyai doucement sur l'épaule de mon ami, et je lui demandai doucement, changeant subitement de sujet :

    « Comment vont December et Noah ? »

    Je ne savais pas comment Désiré réagissait avec Noah, le fils de Matthew. Je supposai qu'il l'aimait beaucoup mais le connaissant, je me doutais tout de même qu'il aurait préféré se retrouver seul avec December. Nous n'avions pas encore eu l'occasion d'en parler et je trouvai qu'aujourd'hui était le bon moment pour en discuter.
Revenir en haut Aller en bas
Désiré Noah Walsh

Admin

Désiré Noah Walsh

Nombre de messages : 102Age : 34Date d'inscription : 05/10/2008
WHO ARE YOU ?
HUMEUR: Maussade ; je crois avoir peur.
CITATION PREFEREE: «Les hommes, à de certains moments, sont maîtres de leur sort ; et si notre condition est basse, la faute n'en est pas à nos étoiles ; elle en est à nous-mêmes.» (Shakespeare - Jules César)
RELATIONS:

« You are the one who save me. You found me. » Vide
MessageSujet: Re: « You are the one who save me. You found me. »   « You are the one who save me. You found me. » EmptySam 21 Fév - 0:11

Only you, can make this world seem right
Only you, can make the darkness bright


Dans un régime comme celui qui avait été instauré dans notre pays, il n’y avait pas de place pour l’amitié. En fait, je pense qu’il n’y avait même pas de place pour de jeunes bras ; et pourtant, même si certains se rebellaient, la majorité des jeunes gens s’étaient ralliés à la mauvaise cause de X. Il y avait donc bien assez de place pour eux, puisqu’ils n’étaient pas dérangeants. Je faisais partie de ceux qui avaient courbé le dos puis ronronné, surtout pour cacher leurs cris d’effroi. J’avais très peur pour mes amis, les jeunes qui étaient passés de l’autre côté du rideau, ceux pour qui mourir au nom de la résistance aurait été un honneur. Tiffany en faisait partie, et Dieu sait si je tentais de la protéger. Je trouvais qu’elle prenait beaucoup trop de risques, et savais qu’un jour ou l’autre, cela la mènerait à sa perte. Nous avions un peu perdu contact. De temps en temps, nous nous appelions, mais ce n’était plus vraiment comme avant. Elle me manquait atrocement. Il s’agissait d’une des rares filles pour lesquelles j’avais toujours éprouvé seulement de l’amitié. Je crois qu’au fond, cette stabilité me plaisait. Le fait de me dire que, quoi qu’il arrive, j’aurais mon amie, était plutôt rassurant. Je l’aimais énormément. Depuis que December et moi n’étions plus comme frère et sœur, j’avais une place vacante dans mon cœur ; peu de temps, puisque Tiffany s’était chargée de combler le vide laissé par mon amie devenue amante. Oui, je pouvais considérer, à bien des égards, qu’elle était devenue une de mes meilleures amies, si ce n’est la meilleure. Je n’avais jamais eu beaucoup d’amis ; principalement car je n’aimais pas me confier. Les gens qui me disaient timide n’y comprenaient rien. J’étais juste réservé. Je n’aimais pas me dévoiler à des inconnus, de peur de me faire briser le cœur, bien trop vite. Dans ma vie actuelle, une poignée de personnes comptait réellement. En premier lieu, mon amour, December. J’aurais tout fait pour elle, absolument tout, et chacun pouvait être témoin de l’amour que je lui portais à chaque seconde. Ensuite, il y avait Noah, qui n’était pas mon fils mais que j’aimais énormément. C’était très compliqué, car je savais que je ne deviendrais jamais un véritable père à ses yeux, ni un ami. Les beaux-pères n’avaient jamais le bon rôle. Et puis, il y avait Val. Lui et moi nous étions retrouvés, il y a quelques mois de ça. Depuis, nous ne nous quittions presque plus. Étrange alors, que je n’eus pas vu Tiffany depuis si longtemps. Non, cela se comprenait. En tant que garçons, nous avions nos propres rituels. Il valait d’ailleurs mieux qu’ils restent entre nous, ou tout le respect que nos fiancée et femme respectives avaient pour nous pouvait s’évanouir en un claquement de doigts. Mais il n’y avait rien à dire, de toute façon. Je n’avais pas à justifier mon amour pour Valery. Il m’avait sorti d’énormément de situations délicates, et sans lui, je ne serais peut-être pas là aujourd’hui. Pourtant, pour finir, il y avait une femme, et celle-ci avait tout changé dans nos vies. Il ne s’agissait pas de December, ni de Lauren ; encore moins de Neela… Tiffany avait été bien plus que cela pour nous. Pour moi, elle avait été un ange gardien, une protectrice, un secours incroyable. Elle m’avait épaulé tout le long de ma scolarité, et de manière générale, lorsque je regardais en arrière, j’avais bien l’impression que ç’avait toujours été elle et moi contre le reste du monde. Elle m’avait tenu la main dans les pires moments, et je me rappelle que c’est sur mon épaule qu’elle avait pleuré lorsque Lucas était mort. Oui, elle avait son ancien meilleur ami, ce cher Valery, qui était toujours là pour elle, plus encore que moi. Mais maintenant, il était son mari. Le père de son futur enfant. Certaines choses ne pouvaient plus lui être dites. Et à ce moment-là, elle pouvait se tourner vers moi. Nous nous étions trouvés, parfaits dans notre imperfection, incompris et paumés comme jamais, et espérant que ces reflets de nous-mêmes ne disparaîtraient pas en un simple clin d’œil. J’aimais beaucoup de choses peu raisonnables. J’avais trouvé dans la drogue, depuis quelques années et avant d’être réellement sevré, un remplacement à quelque chose qui manquerait toujours à ma vie. Et puis, j’étais sorti de tout cela, en partie grâce à la force de ma douce amie. Elle, elle s’en était sortie toute seule, si l’on peut dire. Elle avait trouvé, dans le fait d’aider les autres personnes, une sorte de rédemption. Et au final, j’étais incroyablement fier d’elle, fier de la femme qu’elle était devenue et qu’elle tentait de rester au quotidien.

Only you and you alone
Can thrill me like you do
And fill my heart with love for only you.


Nous nous étions donné rendez-vous dans l’après-midi. Une belle occasion pour se voir, étant donné que nous étions tous les deux libres pour la journée. Il était un peu plus de huit heures lorsque je m’éveillais. Le radio-réveil s’était enclenché pour me tirer de mes songes : j’avais, en effet, décidé de faire beaucoup de choses, ce jour-là. En fait, ce n’était pas vraiment un radio-réveil. J’avais mis mon iPod sur une base, et créé une playlist de nos chansons préférées, à December et moi. C’était un bon moyen de se connaître mieux, si nous ne nous connaissions pas encore par cœur. Ainsi, entre deux chansons de My Chemical Romance et The Fray, on pouvait facilement trouver The Coral ou encore Poison. Ce matin, Talk dirty to me résonnait dans la chambre, le volume sonore restant relativement bas. Les paroles m’avaient toujours amusé, j’adorais cette chanson. « Lock the cellar door, and baby, talk dirty to me »… Je crois que c’est ce qui nous motiva, Deez et moi, à nous réveiller tendrement, dans une action moite et suffocante, entre les draps. Deux fois.

Only you, can make this change in me,
For it's true, you are my destiny


À dix heures, je décidai enfin de sortir du lit. J’enfilai un pantalon de pyjama et traversai le couloir puis le séjour, atterrissant dans la cuisine. Au bout d’une dizaine de minutes, un incroyable fumet se dégageait de la poêle dans laquelle j’avais fait cuire deux œufs et du bacon pour mon amour. Je n’avais pas faim, et je me contentai alors de la regarder savourer son festin. Elle dut insister pour que je grignote quelque chose, et, pour lui faire plaisir, je finis par croquer dans une pomme qui réussit à calmer les gargouillis de mon estomac. Je m’étais ensuite assis sur le canapé lorsqu’elle était partie se doucher, et je mis deux minutes seulement à me rendre compte qu’il serait judicieux de la rejoindre, surtout pour les économies d’eau que ça engendrerait. Nous sortîmes de la salle de bain à onze heures sept, et je partis m’habiller dans notre chambre alors qu’elle s’installait devant le poste de télévision. Elle comptait refaire des petits boulots, peut-être reprendre ses études – je restais persuadé qu’il s’agissait de la meilleure solution. Moi, je bénéficiais d’une journée entière pour réfléchir à propos de ma vie. J’étais professeur désormais, et c’était jour de congés. Dans le même temps, j’avais très peu de créneaux horaires libérés. Je devais en effet suivre une formation ; un an auparavant, j’étais au lycée,et maintenant, je donnais des cours à des élèves de sixième. Ce n’était pas compliqué, mais le gouvernement souhaitait que je sois réellement formé pour cela. Mathématiques, français, histoire, tout y passait, et j’étais largement au-dessus du niveau requis. J’avais toujours été brillant. J’étais un intello, aimé de surcroît, alors que moi-même, je détestais les intellectuels. Aujourd’hui, je devais être au-dessus du lot. Je devais tenter d’enseigner, avec le maximum d’objectivité possible. Les inspecteurs qui étaient assignés à chaque classe en permanence ne nous permettaient pas, de toute manière, d’avoir une manière d’enseigner très « libre ». Nous étions pris au piège, nous devions obéir comme des robots aux ordres du gouvernement.

Alors que je la rejoignais sur le divan, quelques minutes plus tard, elle me lança ce regard que je connaissais trop bien.

« Tu es encore tracassé à propos de ton travail ? Tu devrais peut-être arrêter.
- Ma chérie, nous avons eu cette discussion un bon milliard de fois
, soupirai-je, avec un sourire. J’aime ce que je fais. Je suis éreinté, mais je m’en moque. Je me sens bien.
- J’espère que tu as raison mon cœur, car je déteste lorsque tu te sens mal...
- Crois-moi. Ma vie pourrait difficilement être plus belle.
»

Bien sûr, je savais ce qu’il faudrait pour que tout soit absolument parfait. Il s’agissait de December, le ventre rond, portant mon propre enfant. Notre sang. J’aurais tout donné pour avoir le droit d’être véritablement père. Bien sûr, j’aimais beaucoup Noah. Après tout, il ressemblait à sa mère, même si, de toute évidence, quelques traits appartenaient à Matthew Owens. Mais je savais bien que j’aurais beau tenter d’être le plus proche possible de ce petit ange, je ne serais jamais son papa. Il en avait déjà un. Ce n’était pas comme s’il s’était envolé dans la nature, non ; il était bien là, et même si ça me tuait de l’avouer, il jouait son rôle à la perfection.

When you hold my hand,
I understand the magic that you do.
You're my dream come true,
My one and only you.


À midi, je quittai notre appartement, et après un détour par le fast-food, je rentrai. Il était déjà douze heures trente-neuf, et je franchis la porte les bras remplis de sac en papier. Nous mangeâmes rapidement, et après cela, je décidai qu’il était peut-être temps de me rendre au Bryant Park. Je serais un peu en avance, certes, mais j’avais de quoi m’occuper. Mes pensées torturées faisaient tout le travail. Après un baiser volé, je pénétrai dans ma voiture, et tournai la clef dans le contact. Le célèbre Only you, chanté par The Platters, me guida jusqu’à notre lieu de rendez-vous.
Je m'assis sur un banc non loin de l'entrée principale, et une dizaine de minutes plus tard, j’entendis sa douce voix s’élever. Je n’avais même pas besoin de la regarder. Lorsque finalement je me retournai, quelques secondes seulement furent nécessaires pour qu’elle se retrouve dans mes bras. J’aimais la sentir contre moi. Elle était un rayon de soleil, et je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir chanceux chaque fois que nos regards se croisaient. J’avais énormément de veine, oui, d’avoir quelqu’un comme elle dans ma vie. Valery en avait encore plus. Après avoir desserré mon étreinte, je la conduisis galamment vers le banc. Et quand elle m’avoua qu’elle était contente de me voir, je lui adressai un grand sourire.

« Je suis content aussi. Tu me manquais. »

Ses yeux sombres me scrutaient ; les miens, couleur lagon, semblaient veiller sur elle. Elle avait l’air tellement désorienté, particulièrement depuis qu’elle avait appris sa grossesse. Mais ça ne changerait rien. Surtout pas pour moi. J’avais toujours été son ami, et les femmes enceintes, je commençais à les connaître. Elle avait du soutien, des amis, et surtout, un mari aimant. J’étais certain que son manque de temps deviendrait bien vite dérisoire, si tout le monde se mettait à l’aider.
Alors que je pensais à elle, à sa vie, à son futur, et au fait que nous serions toujours chacun, irrémédiablement, l’ange gardien de l’autre, elle éleva une nouvelle fois la voix. « Tu repenses parfois au lycée ? »… Si j’y repensais ?

« Bien sûr. Mais j’évite, parce que je n’aime pas vraiment la personne que j’étais à l’époque. Malgré tout, c’était tellement plus simple. Nos vies ne seraient probablement pas ce qu’elles sont aujourd’hui si nous ne nous étions pas connus, ou du moins, si nous avions fait connaissance dans des circonstances différentes. »

Je disais des banalités. Pire, je n’avais rien d’intéressant à dire. La regardant avec toute l’honnêteté que j’avais en moi, je finis alors par cracher le morceau.

« Ça me manque. Et j’aimerais y retourner, non seulement pour changer certaines choses, mais aussi pour en revivre d’autres. »

Je lui adressai un sourire triste, puis passai mon bras autour de ses épaules pour l’attirer contre moi. Après qu’elle eut posé sa tête dans le creux de mon cou, une nouvelle question sortit d’entre ses lèvres. « Comment vont December et Noah ? ». Je ne pus m’empêcher de rire doucement, alors que ma main frottait tendrement le bras de mon amie. C’était complexe pour moi de m’habituer au prénom du fils de December. Après tout, je le portais également.

« Ils vont bien. J’ai un peu de mal avec Noah, parce que malgré tous les efforts que je fais, je ne peux pas le considérer comme mon fils. Et je vais sans doute demander December en mariage. »

Elle était la seule à qui je pouvais le dire. Il m’était impossible de me confier à quiconque, même Valery, car je savais qu’ils me jugeraient. Ce dernier, probablement car il se sentait piégé dans son propre mariage. Patience, car elle avait toujours un peu de mal à se faire au vide, au fait qu’elle était définitivement à l’écart du groupe d’amis « en couple ». Neela, car elle m’aimait toujours.
Je ne souhaitais pas m’étaler sur ce sujet. Nous étions probablement au centre des conversations, Deez et moi. Avec un peu de chance, elle porterait bientôt mon enfant. Il serait bien assez tôt pour m’étaler sur notre vie. Je serrai un peu plus Tiffany contre moi.

« Mais, le plus important… Comment va la plus belle des femmes enceintes ? Je suis tellement heureux pour toi. »

Nous n’avions pas beaucoup parlé de sa grossesse. En fait, Valery était celui qui m’avait prévenu en premier. Il semblait très heureux. De mon côté, je craignais que ça lui donne une raison de plus pour se sentir oppressé par ses engagements. J’espérais pourtant que tout se passerait bien. Je pourrais toujours lui parler, de toute façon, s’il paniquait à un moment ou l’autre.
Revenir en haut Aller en bas
 

« You are the one who save me. You found me. »

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
P o i s o n e d ; f r u i t  :: NY CITY ; PARKS :: BRYANT PARK-